ou pourquoi l’autre ne comprend pas quand nous lui parlons…

« Mais c’est évident, non ? C’est dingue qu’il ne comprenne pas ! Je rêve, il faut tout lui dire ! »

La frustration de ne pas être compris, le sentiment que les autres sont incapables de voir les choses comme elles sont, comme nous les voyons, sont le lot quotidien que nous portons et qui très souvent devient la goutte d’eau faisant déborder le vase.

En effet, la manière d’entrer spontanément en relation avec l’autre, ou d’appréhender toute expérience, diffère selon notre structure de personnalité. Taibi Kahler, Docteur en Psychologie, définit six perceptions différentes :

La pensée factuelle : l’échange d’informations, l’analyse. La perception est centrée sur la cohérence, la logique presque mathématique.

L’opinion : l’échange de convictions, de visions ancrées dans l’engagement : rien n’est neutre.

Les émotions : l’échange prenant en compte l’autre, où le « feeling », l’intuition guide leur comportement.

L’imaginaction : l’échange passe par la représentation mentale, avec des métaphores ancrées dans une imagerie puissante.

La réaction : l’échange est spontané, sans concession et à la recherche de « fun », ancré dans le « Carpe diem ».

L’action : l’échange est axé sur la réalisation, tout est une opportunité pour agir, ou faire faire.

Nous possédons en nous toutes ces perceptions, nous pouvons donc les utiliser quand nous le voulons. Néanmoins, nous en avons une privilégiée. Elle s’active spontanément en construisant notre discours. Elle est comparable à notre langue maternelle.

Malheureusement, nous avons également une fausse croyance :

nous pensons que notre manière privilégiée de percevoir, et donc de communiquer, est la même que celle de l’autre…

Alors, nous déployons un réflexe inapproprié dans le feu de l’échange :

nous projetons sur l’autre ce qui résonne pour nous.

C’est à ce moment-là que nous rompons l’échange : il n’y a plus de communication sereine et efficace !

Deux illustrations de cette rupture.

1. Un échange entre 2 personnes faisant des travaux ensemble. Leur perceptions sont différentes:

« – Donne-moi la pince.

– Pourrais-tu arrêter de me donner des ordres ? Pourquoi veux-tu une pince ?

– Bah, regarde ce que je fais…

– Tu vois bien que tu continus… Serais-tu incapable de m’expliquer ?

– OK, dis-moi comment je dois demander une pince !!!!!!

– Mais pour qui te prends-tu ?

– … »

Ici le premier interlocuteur a un langage se voulant efficace et allant droit au but; sa perception est l’Action. Le second recherche la compréhension et la logique de la demande avant d’agir. Sa perception est la Pensée factuelle.

Fort est de constater que l’obtention de la pince ne sera pas chose facile… en effet, il est facile d’imaginer la suite : énervement, agacement voire même dispute.

2. Un échange entre 2 personnes ayant lu le même livre. Leurs perceptions sont différentes :

– Que penses-tu de ce livre ?

– Merci pour ta question, c’est vraiment gentil à toi de t’y intéresser.

– Ce n’est pas gentil, je voudrai avoir ton avis car pour moi il n’est pas à la hauteur.

– Oui… heu… je ne sais pas trop quoi te dire…

– C’est simple : juste ce que tu en penses !

– Oui, je suis désolée, mais je ne sais pas trop… Heu… pas grand-chose… il est pas mal.

– Pas mal !?! Que veux-tu dire : tu adhères au point de vue de l’auteur ? Comment peux-tu partager cela ?

– Non, pas du tout… ne t’énerve pas…

– Je ne m’énerve pas je voudrai juste que tu me dises ton avis !!!!!

– …

Ici le premier interlocuteur recherche le débat. Sa perception est l’Opinion. Il se retrouve face à un interlocuteur recherchant l’harmonie, la chaleur relationnelle : ayant donc une perception Émotion. Autant dire que le débat va être … compliqué !

Dans les deux cas nous sommes devant une non-communication, ce que Taibi Kahler nomme une « Mécommunication ».

Que faire alors ? S’adapter.

Chercher en nous la perception de l’autre et lui parler avec sa perception privilégiée, c’est-à-dire sa langue !

Pour la première illustration nous pourrions avoir :

– Donne-moi la pince.

– Pourrais-tu arrêter de me donner des ordres ? Pourquoi veux-tu une pince ?

– OK, je dois retirer cette pièce, pourrais-tu me donner la pince ?

– Laquelle veux-tu la petite ou la plus grande ?

– C’est très étroit, la petite fera l’affaire.

– La voici.

De la même manière, pour la deuxième illustration :

– Que penses-tu de ce livre ?

– Merci pour ta question, c’est vraiment gentil à toi de t’y intéresser.

– Tu sais, tu peux te sentir à l’aise pour me dire tout ce que tu as ressenti en lisant ce livre : si tu étais mal ou bien heureux.

– Oui j’étais très mal à l’aise, la violence tacite était pénétrante et je ne me sentais vraiment pas bien. Je t’ai regardé souvent et tu avais l’air indifférent. J’ai senti que tu n’étais pas bien non plus.

– En effet… »

C’est donc en adaptant sa perception à celle de l’autre que nous pouvons communiquer efficacement.
Lorsque j’accompagne des managers et leur équipe, des collectifs en tension ou même des couples souhaitant travailler sur leur communication, 4 étapes sont nécessaires :

Comprendre ma perception de base et ma langue « instinctive »

Comprendre que je possède toutes ces perceptions

Comprendre la perception de l’autre, et donc sa langue instinctive

Décider d’aller investiguer, au sein de mes perceptions, celle qui correspond à la langue de mon interlocuteur et de l’utiliser.

En comprenant notre capacité à améliorer notre communication, et à dissoudre les conflits, une relation nouvelle peut se créer. C’est par la mise en place de cette dynamique créative et performante que nous aurons le sentiment de comprendre l’autre et d’être compris !

… J’entends déjà votre question « Pourquoi serait-ce à moi de m’adapter ? »… Parce que des deux, c’est vous qui avez lu mon article 😉 !

Belles adaptations à vous.

Candide Mejia

Fondatrice de CARADIEM

Psychologue et Docteur en Psychologie

Formatrice certifiée à la Process Communication

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